Lucien Simon (1861-1945) et George Desvallières (1861-1950)
UNE AMITIÉ D’HOMMES ET D’ARTISTES
Introduction
Amitié de deux hommes, de deux peintres, à travers une époque qui voit se succéder de profonds bouleversements, tant sur le plan artistique qu’humain.
Lorsqu’en 1910, Lucien Simon décrit ses souvenirs de jeunesse au critique Jean Valmy-Baysse, il ne manque pas de souligner l’influence positive qu’ont eue sur lui certains amis peintres. Parmi eux, George Desvallières semble avoir joué un rôle particulier dans son épanouissement personnel. En effet, si Lucien Simon évoque dans un premier temps la gaité et le réconfort apportés par la « maison d’artiste et de savant » d’Emile-René Ménard, il rend par la suite véritablement hommage à son ami George Desvallières, qu’il considère alors comme son « initiateur », celui qui sut l’ouvrir à « une vie intellectuelle plus intense et aussi plus moderne et le soutint aux heures douloureuses du découragement ».
1880-1890 Les fondements d’une amitié hors du commun
La rencontre de deux jeunes conscrits en quête de peinture
« Un soir, à la caserne, Desvallières m’entendit, à deux pas de lui, exprimer mon admiration pour un ciel exquis du soir dont il goûtait lui-même la douceur. “Comment, vous aimez cela aussi, vous !” Il ne fit qu’un bond jusqu’à moi et deux jours après nous étions amis. »
Lucien Simon
Alors qu’il hésitait encore entre les voies artistique et littéraire, cette rencontre conforte rapidement Lucien Simon dans sa vocation de peintre. A l’encontre du règlement militaire, il loue une petite chambre en ville avec le peintre Etienne Azambre (1859-1935), afin de s’adonner à la peinture d’après le modèle vivant. Il y convie George Desvallières :
« La perspective d’avoir un aussi charmant compagnon de travail me décida à entreprendre à ses côtés une étude dans ma chambrette. […] Il m’amena un brave sapeur qui consentait à poser pour le torse et étala à la lueur de notre fenêtre ses pectoraux impeccables et velus […] et les heures passaient trop vite, dans la paix, loin des ‘’Portez… armes’’ ».
Au cours de l’année, l’amitié entre les deux jeunes peintres s’établit indéfectiblement. La chambrette devient pour le petit groupe d’amis, qui compte aussi Edouard Michelin (1859-1940), un lieu de rencontre et d’échanges, tant intellectuels qu’artistiques, qui ne seront pas sans influencer profondément le jeune Lucien Simon : « cette année de service militaire à Orléans m’a donné l’occasion d’y contracter mes premières amitiés durables, qui ont influé sur moi et sur la direction de mon activité ».