André Dauchez, 1870 – 1948

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Graveur, peintre et photographe

Artistes, tous les deux, André Dauchez et Lucien Simon sont beaux-frères. En 1890, Lucien Simon épouse Jeanne, la sœur aînée d’André Dauchez. Lucien Simon va encourager son jeune beau-frère, l’aidant à trouver sa voie et son style dans le labyrinthe des différents mouvements artistiques de la fin du xixe siècle entre romantisme, symbolisme, réalisme, naturalisme, impressionnisme, fauvisme, ou encore le mouvement nabis. Chez André Dauchez, trois artistes émergeront : le graveur, le peintre et le photographe. Les deux beaux-frères travailleront leur art parallèlement dans des registres et des factures différentes tout en développant des échanges permanents en particulier autour de la photographie.

douarnenez par andre dauchez

Douarnenez – 1936
116 x 146 cm

Maison de Ker Gaït

Maison de Ker Gaït

André Dauchez

André Dauchez

En famille vers 1909

En famille vers 1909

 

Vie familiale et sensibilité artistique étroitement liées avec la Bretagne

En 1891, Fernand Dauchez, le père d’André, emmènera pour les vacances, sa famille en Bretagne où il achètera en 1894 la propriété de Ker Gaït à l’entrée de l’Odet, à Bénodet. Lucien et André, les deux beaux-frères, se prendront de passion pour cette Bretagne, aux ambiances et lumières si caractéristiques. Ce bord de mer deviendra alors leur principale source d’inspiration à tous les deux. Ils y ancreront leurs activités artistiques respectives. Lucien Simon quittera en 1901 la rive de Bénodet pour la rive opposée plus sauvage de Sainte-Marine où il achètera un sémaphore désaffecté par la Marine pour y installer son atelier et sa vie familiale. André Dauchez quittera Ker Gaït en 1903 pour se faire construire une maison-atelier entre ciel et mer sur la dune de La Palud, à Loctudy, à quelques encablures de Sainte-Marine. Aussi fascinés l’un que l’autre par la mer et ses variations de lumière, André Dauchez et Lucien Simon deviendront tous deux Peintres de la Marine.

Amoureux des paysages marins et passionné de voile, André va travailler essentiellement d’après nature, beaucoup en rapport avec la mer. Après avoir navigué sur le bateau de son père, le San Fernando, il aura lui-même plusieurs bateaux, le Sprat, l’Aventure, la Rose des Vents, l’Embellie et la Grande Ourse, parcourant les côtes bretonnes de Quiberon à la Manche avec sa famille. En 1898, il épouse Marie-Thérèse Le Liepvre dont il aura huit enfants. Fille d’un peintre paysagiste de Touraine, elle-même « très artiste, elle l’accompagne sur le motif et l’encouragera dans ses projets à Paris comme en Bretagne ».

Il mène ainsi une vie d’artiste et de famille, partageant son temps l’été entre les croisières et son atelier de La Palud, et son travail l’hiver à Paris où il a un autre atelier. « Venus chercher en Bretagne une nouvelle inspiration, ils (Lucien Simon et André Dauchez) vont choisir une autre voie que l’impressionnisme. Les sujets sont souvent ethnographiques, traités de façon sobre, juste, parfois mystiques… En opposition à une vision légère et lumineuse, nos artistes et leurs proches enracinent leur art dans d’autres réflexions. Dauchez, en particulier, veut retranscrire la nature avec une grande économie de moyens… »

André Dauchez, le graveur

André Dauchez s’est installé une presse à graver tant en Bretagne que dans son atelier de la rue Saint-Guillaume. Il lui est reconnu très tôt une grande finesse alliée à une très grande dextérité en matière de gravure. Dès 1907, André Saglio écrit à propos des gravures d’André Dauchez : « De premier ordre, ces estampes-là sont l’essence même du talent de l’artiste ; elles résument la science la plus hardie et la sensibilité la plus subtile. » D’autres observateurs voyaient dans « son œuvre gravée, ses dessins, ses pastels, une nature vaste aérée, puissante : arbres fantomatiques dans l’orage, étendues calmes de rivières, lumières rasant l’horizon, le travail est long, patient, très ombré, l’accentuation des lignes, la morsure violente de certains traits montrent énergie et fougue sans pareil » (Maurice Guillemot, 1907). Ses eaux-fortes révéleront par un jeu graphique subtil entre noir et blanc « l’immensité des dunes, la noirceur d’un nuage ». Les arbres se détacheront sur les ciels en silhouettes délicates sous sa plume sèche de graveur ou son fusain de dessinateur averti et sensible. Comme graveur, il illustrera plusieurs ouvrages dont un en collaboration avec Lucien Simon : Le Livre de l’Émeraude d’André Suarès. Lucien Simon produisait les illustrations, André Dauchez les gravait. D’autres romans imprégnés de la Bretagne et de la mer inspireront son trait auquel il associera discrètement un peu de couleur : Le Foyer breton d’Émile Souvestre, La Mer dans les bois d’André Chevrillon, Monsieur le Vent et Madame la Pluie de Paul de Musset, pour ne citer que les plus importants.

Sainte Marine, vers 1905

Sainte Marine, vers 1905

Bénodet 13,7/21,7, vers 1900

Bénodet 13,7/21,7, vers 1900

Les fumées des bruleurs de goëmon

Les fumées des bruleurs de goëmon

André Dauchez, un peintre délicat

Fumées de goémon - 1931 Huile sur toile, 160 x 130 cm

Fumées de goémon – 1931
Huile sur toile, 160 x 130 cm

La Bretagne maritime, de la côte ouest au Morbihan, l’a particulièrement fasciné. Attiré par les noirs et les blancs avec toutes leurs nuances graphiques, André Dauchez a produit néanmoins de très belles peintures, aux tonalités sobres, à la luminosité contenue. « Ses tableaux révèlent un sens rigoureux de la composition, une gamme de couleurs délicates aux dégradés savants » (A. M. Chiron, historienne d’art, 2005). Au fil des ans, sa palette s’éclaircit et sa peinture évolue. Attentif aux infimes variations de lumière qui balayent les rives et rivières bretonnes à chaque changement de marée, André Dauchez ne se lassera pas de peindre presque toujours le même type de paysage : étendues d’eau, grands ciels lumineux, côtes sableuses, végétations imprégnées de sable ou masses rocheuses. Variations de vert brun, d’ocre gris et de bleu doux, ses paysages n’admettront comme seuls personnages pratiquement que des pins élancés, des voiles élégantes gonflées de vent ou des nuages très présents. On le dit « portraitiste de la Bretagne ».

Voilier sortant de Bénodet – 1897 Huile sur toile, 113 x 167 cm

Voilier sortant de Bénodet – 1897
Huile sur toile, 113 x 167 cm

Sur la grande baie de l’Odet – 1938 Huile sur toile, 75 x 54 cm

Sur la grande baie de l’Odet – 1938 Huile sur toile, 75 x 54 cm

André Dauchez est aussi un photographe