Le retour du soldat
Lucien Simon (1861-1945)
Huile sur toile, 1928, hauteur 73 cm, largeur 92 cm, signé en à droite. Depuis 1985 au Musée départemental de l’Oise à Beauvais, inventaire 85.19
Cette peinture est une étude préparatoire pour un des quatre grands panneaux commandés par l’État et que Lucien Simon a exécutés pour décorer l’escalier d’honneur conduisant aux salles de séance des commissions du Sénat, deuxième assemblée du parlement français qui siège dans le Palais du Luxembourg, ancienne résidence de Marie de Médicis, reine de France, épouse du roi Henri IV début du XVII ème siècle.
Ces décorations monumentales avaient pour thèmes le retour de la paix et la reprise de la vie après la fin de la première guerre mondiale (1914-1918). Quatre grands panneaux ont été réalisés par le peintre montrant respectivement le retour des armées, la reprise des activités industrielles, des arts et des lettres et enfin des travaux des champs. C’est ce dernier thème qui a inspiré le tableau exposé.
On y voit le soldat de retour chez lui, encore vêtu de sa capote bleu horizon, qui a chaussé ses sabots et repris les manches de la charrue. Son jeune fils coiffé du casque de son père un fouet à la main fait avancer le cheval. Au premier plan une jeune femme entourées de ses enfants ; derrière des maçons s’activent sur un échafaudage à la reconstruction d’une maison.
Le grand panneau marouflé sur place au Palais du Luxembourg reprend très exactement la composition et les valeurs de ce tableau mais déploie le thème sur un format d’ensemble avec des dimensions bien supérieures (h 374 cm, largeur 620 cm).Cette commande avait fait l’objet de difficiles négociations entre les services publics concernés. La décoration du plafond d’abord confié au peintre Aman-Jean avait ensuite été confiée à Maurice Denis. L’ensemble a été inauguré avec faste le 28 février 1929, en présence du Président de la République, Gaston Doumergue et du Président du Sénat, Paul Doumer. Ayant à répondre à une commande publique destinée à orner un palais prestigieux et à la commémoration d’un évènement d’importance considérable, la fin d’une des plus sanglantes des guerres, Lucien Simon sans manquer aux intentions des autorités qui l’avait désigné pour cela, a néanmoins réalisé une œuvre sereine avec des personnages très naturels faisant les gestes habituels de leur condition dans un paysage printanier invitant au calme et l’optimisme. Si sur le plan technique, la construction du tableau est très étudiée avec de vifs contrastes des couleurs de la terre et du ciel, il émane une fraîcheur lumineuse de cette peinture.